jeudi 14 février 2013

SUD étudiant Angers, le seul syndicat que JPSA ne veut pas voir...

Dans un communiqué daté du 31 janvier, le président de l'université, Jean-Paul Saint André se félicite d'une prochaine sortie de crise. Il se targue même d'avoir réussi à souder la communauté universitaire angevine autour de son projet, et d'avoir consulté les syndicats avant le dernier CA. Tous les syndicats? Et bien non : SUD étudiant Angers (comme SUD éducation 49 d'ailleurs) n'a pas été convié à cette petite rencontre!



Alors on s'interroge..! SUD étudiant est pourtant présent dans la plupart des composantes de l'université, dispose d'élus à l'UFR de Lettres et mène une activité régulière auprès des étudiant-es... On peut donc légitimement se demander sur quels critère M. Saint André envoie ses invitations..! A priori, comme ce n'est pas une erreur de mail (on a vérifié 3 fois) et qu'on ne pense pas que notre président ignore notre existence (il a passé la moitié de la manifestation du 15 janvier à côté de notre cortège), on peut suggérer qu'il s'agit de raisons plus politiques.



Car depuis le début de ce mouvement, SUD étudiant Angers émet un avis un peu dissonant dans le consensus ambiant qui règne à l'université d'Angers (voir ici). Nous ne sommes pas traumatisés par le fait de ne pas avoir été invité, mais cela nous a motivé à expliciter les positions de notre syndicat concernant les derniers événements à l'université d'Angers, et notamment le plan de sortie de crise proposé par M. Saint-André.



Le ministère s'en tire à bon compte !




Politiquement d'abord : le ministère a laissé le soin à M. Saint-André de proposer son propre « plan de sauvetage », se défaussant pour effectuer la basse besogne (économies, gel de postes et cie...). Désormais, ce n'est plus au ministère qu'il faut s'adresser mais à la présidence (c'est pas que ça nous dérange, mais c'est plutôt lâche comme procédure, le ministère se dédouanant ainsi de sa responsabilité).
 

Financièrement ensuite : avec la LRU et les RCE, le ministère avait transféré la masse salariale et la gestion des locaux à l'UA : c'est donc tout naturellement vers le ministère que nous nous sommes tournés pour obtenir la rallonge budgétaire. Mais le ministère a préféré renvoyer la patate chaude, conditionnant une petite rallonge à une participation des collectivités territoriales, procédant ainsi à un odieux chantage. L'agglo d'Angers le reconnaît elle-même : « Cet accord, conditionné par une aide à l’investissement, ne pouvait aboutir que si une prise en charge était effectuée par les collectivités locales. » (communiqué de l'agglo, 28/01/13). Excellent modèle : quid des universités dont les villes ou la région d'appartenance n'auraient pas les moyens ou la volonté politique d'assurer une aide financière?



Cette décision est révélatrice des prochaines orientations de la prochaine loi de l'Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) : une territorialisation accrue et une décentralisation sans moyens, laissant à des collectivités locales, qui ont de plus en plus de prérogatives, le soin de financer des services publics exsangues.

Vers une sortie de crise ?




Le plan proposé par M. Saint André pour sortir de cette situation est un vaste trompe l'œil. Le plan prévoit de geler 15 postes (ou de les « rafraichir »), d'opérer des économies, et de remplacer des titulaires par des vacataires ou des contractuels. Lorsqu'on l'accuse de généraliser la précarité, M. Saint André se défend et valorise la titularisation de 24 personnels, oubliant de préciser que ce n'est nullement de sa seule volonté politique, mais bien la conséquence de la loi Sauvadet votée en mars 2012.
 

Il présente également des créations de postes d’enseignants et enseignants-chercheurs en 2014, 2015 et 2016...alors qu'il n'y a actuellement aucune garantie de la part du ministère, que la nouvelle loi sur l'ESR de 2013, qui prévoit de regrouper plusieurs universités, risque de modifier en profondeur le calcul des financements et des dotations des universités. Enfin la loi de finances, qui est votée annuellement par le Parlement, peut très bien diminuer les dépenses publiques (et donc les dotations) et imposer une cure d'austérité pour tout le monde (nous invitons nos lecteurs/ices à se pencher sur les cas instructifs de la Grèce, de l'Espagne, ou encore du Portugal). On avance donc dans le vide à ce niveau...


« Se tourner vers l’avenir pour écrire l'université de demain »




C'est par cette belle formule que la direction de l'université nous invite à reprendre le chemin de nos amphis. Admirablement suivi par des associations étudiantes aux ordres qui ont voté en bloc ce plan de sauvetage, M. Saint-André croit peut être avoir acheté la paix sociale. 

Plutôt que de risquer l'affrontement et réclamer plus de moyens pour l'université, le président s'est contenté (sans surprise) des miettes que le ministère a bien voulu lui lancer. Bien sûr, on nous dira qu'il n'y avait pas d'autre alternative, que les caisses sont vides, qu'il faut faire des compromis... A ceux/celles qui nous conseillent de se serrer la ceinture, nous répondons que l'argent existe, et que tout est une question de redistribution. Car ce n'est pas la crise pour tout le monde :





En tout cas, il est clair que SUD étudiant Angers n'a pas le même projet d'université que la direction de la fac et le ministère. L'université que nous voulons, nous luttons pour la construire au quotidien : un service public, gratuit et ouvert à toutes et tous!

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